Saint-Sauveur-en-Puisaye, pays de Colette

« J’appartiens à un pays que j’ai quitté. […] Viens, toi qui l’ignores, viens que je te dise tout bas : le parfum des bois de mon pays égale la fraise et la rose ! » Colette, Les Vrilles de la vigne (1908)

Village de Saint-Sauveur en Puisaye, labélisé "Petite cité de caractère"

Un patrimoine à l’honneur de la romancière

Si Colette en garde un souvenir ému, elle a longtemps idéalisé son village natal à travers des souvenirs d’enfance tronqués et truqués. Il y a eu une sorte de « je t’aime, moi non plus » entre Colette et ce village. Car au final, Colette n’aimât rien d’autre que la maison et le jardin : territoire de l’enfance, de l’amour, de la famille, de la nature à laquelle sa mère l’a ouverte.

Cette maison, Colette la décrit dès les premiers lignes de « la maison de Claudine » :

"La façade principale, sur la rue de l'Hospice, était une façade à perron double, noircie, à grandes fenêtres et sans grâces, une maison bourgeoise de vieux village, mais la roide pente de la rue bousculait un peu sa gravité, et son perron boitait, six marches d'un côté, 10 de l'autre.". Au fil de ses écrits, Colette donnera force de détails des pièces intérieur comme des jardins : "potager resserré et chaud, consacré à l'aubergine et au piment, où l'odeur de la tomate se mêle, en juillet, au parfum de l'abricot mûri sur espaliers" (La maison de Claudine).

Ce sera grâce à ses écrits, ses souvenirs, que la restauration de la maison, acquise en 2011 par l’association « la Maison de Colette » se fera dans le respect de Colette, des artisans et de l’époque. Elle ouvrira alors en 2016.
Mais avant la maison, c’est au château de Saint-Sauveur-en-Puisaye qu’ouvre, en 1995, le musée consacrée à la vie et l’œuvre de Colette, selon le vœu de sa fille, Colette de Jouvenel (décédée en 1981). La muséographie retrace l’univers de l’auteure : la nature, ses œuvres inscrites en lettres d’or sur les contre-marches des escaliers, ses appartements au Palais Royal ou encore 250 photos et portraits. En fin de visite, le salon de thé et sa librairie vous attendent pour clôturer cette découverte de la plus douce des manières.

Dans le village, un sentier de randonnée « le Sentier Colette » vous conduit à travers les récits de l’écrivaine. Agréable sentier de 5.76 kilomètres, il vous faudra un peu moins de 2 heures pour effectuer cette boucle dans un cadre bucolique à la nature parfois sauvage qu’aimait tant Colette. Il vous mènera jusqu’à la commune de Moutiers en Puisaye (et son église aux peintres murales remarquables). A travers ses voûtes d’arbres et ses chemins bordés de trognes, vous aurez même la possibilité de faire un crochet par la Poterie de la Bâtisse, créateur du pot à crayon de Colette et où vous pourrez vous en procurer un ! A votre retour de randonnée, vous pouvez aisément poursuivre avec le fascicule « sur les Pas de Colette » grâce auquel vous évoluerez dans le Saint-Sauveur-en-Puisaye de Colette, sur un parcours de 37 étapes dans le village en faisant le plein d’anecdotes sur sa vie ici. Disponible à l’office de tourisme, à la maison natale et au musée, 2€, durée entre 45min à une heure.

Lever du soleil sur un chemin de randonnée - ©Daniel Salem

Le paradis de l’enfance de Colette

Saint-Sauveur-en-Puisaye est une commune située au cœur de la Puisaye. Labellisé « Cité de Caractères de Bourgogne-Franche-Comté », la commune compte de nombreux édifices remarquables comme :

  • La Tour Sarrazine, expression de la puissance publique au Moyen-Âge pour asseoir le pouvoir capétien de cette contrée située entre les comtes de Blois-Champagne et le duché de Bourgogne.
  • Son église dédiée à Saint Jean Baptiste du XIème siècle. Elle est située en dehors des murs d’enceinte du village (car une petite chapelle existait déjà dans le village, lié au monastère), sans clocher, qui prenait bien trop souvent la foudre (et était détruit !) à cause du grès ferrugineux du sol et de la source jaillissant en dessous.
  • La Vinée, attenant au château de Saint-Sauveur, construite vers 1702 qui abritait un pressoir à vin. Car oui, avant l’épidémie de phylloxera dans le vignoble français, nous trouvions, dans toute la Puisaye-Forterre, des vignes ! Le vin produit ici provenait alors des vignes de Perreuse.
  • Le château érigé au XVIIème siècle par un seigneur des Barres. Au XIXème siècle, il appartiendra à Victor Gandrille, qui n’hésitait pas à organiser des réceptions et autres fêtes où se rendaient une certaine Sidonie Colette. Gandrille souhaitait dynamiser le village. Ce dernier l’acceptait difficilement. A son décès, il fit don du château et du parc à un syndicat de 6 communes de Puisaye… où la commune de Saint-Sauveur n’avait pas sa place ! Suivant sa volonté, le syndicat Gandrille (qui existe toujours) transforma le château en hospice pour personnes âgés (14 places) où aucun Sansalvatoriens ne pouvaient être hébergés. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il fut occupé par les Allemands puis ensuite par les ponts et chaussés. La mairie n’en fut propriétaire qu’en 1982 et failli bien faire détruire le château ! Le parc du château est toujours la propriété du syndicat Gandrille qui en laisse l’usufruit à la commune de Saint Sauveur en Puisaye.

Une vie mouvementée au village !

Saint-Sauveur-en-Puisaye est une commune de près de 900 habitants… qui voit sa vie locale grandir d’années en années. De nouveau commerces ont vu récemment le jour : Mon Col Claudine, Le goût des choses… qui viennent s’ajouter aux côtés des commerces de longue date comme les bouquinistes et antiquaires Patrick et Christine, la boulangerie Maureille et son fameux pavé de Saint-Sauveur ou encore la galerie d’art des créacteurs, le Point Bar et les restaurants et salon de thé comme le Darling’s (un goût d’Angleterre en Puisaye), le jardin du Bardadô, les Passantes ou encore A table ! Pour passer une nuit ou plus au pays de Colette, vous aurez le choix entre chambres d’hôtes, gîtes, campings, hôtels, présents sur la commune et aux alentours.

Son marché du mercredi accueille depuis l’été 2022 un crieur public qui annonce les nouvelles et les manifestations du villages. Les événements sont en effet nombreux : qu’ils soient dédiés à Colette ou à l’art comme à la musique ou à la culture, ils rythment les saisons, dans le village avec le festival « art dans les cours et jardins » ou dans le parc du château avec la foire des Potiers, sur la place du marché, à la Poèterie ou à la salle de l’Orangerie.

En cette année 2023, anniversaire des 150 ans de la naissance de Colette, les événements seront en nombre !